Faut-il avoir peur des fonds d’investissement ?
On croise souvent en France une appréhension forte des dirigeants, salariés et actionnaires envers les fonds d’investissement.
Ce phénomène n’est ni nouveau, ni uniquement français. À titre d’exemple, en 2005 en Allemagne, le responsable du SPD (parti politique majeur en Allemagne) comparait les fonds d’investissement aux essaims de criquets qui dévastent les cultures, et laissent derrière eux des champs ravagés.
Cette assimilation à des pilleurs de ressources vient en majorité du fait que les fonds les plus connus du grand public sont les fonds de reprise des sociétés avec effet de levier (LBO en anglais). Ainsi le débat en Allemagne a été initié à l’occasion de la reprise de la société familiale Grohe, marque bien connue d’équipement de salles de bain, repris par TPG et Credit Suisse Private Equity.
Ces acquisitions avec effet de levier ont un recours massif à l’endettement : en général, les deux tiers du prix payé sont financés par recours à l’endettement. Cette dette sera repayée par la trésorerie générée par la société reprise au fil des années qui suivent. Les ressources d’une entreprise étant finies, la trésorerie utilisée pour repayer la dette d’acquisition ne sera pas disponible pour réaliser des investissements productifs par exemple, qui eux enrichissent l’entreprise à moyen / long terme
Dit différemment, en prêtant des intentions très court termistes aux fonds en question, ceux-ci pourraient être tentés de réduire au strict minimum le niveau d’investissement créateur de valeur à moyen terme, pour maximiser le repaiement de la dette d’acquisition, ce qui augmentera leur plus-value à condition de revendre ladite entreprise très rapidement (avant impacts négatifs des années de sous-investissement).
Les fonds sont très nombreux et très divers, de tels abus ont ainsi nécessairement existé, mais demeurent exceptionnels. D’ailleurs, les fonds d’investissement sont désormais plutôt bien acceptés en Allemagne où on leur reconnait une contribution positive.
Comme expliqué précédemment, le débat a commencé au sujet des fonds de reprise de société avec effet de levier (LBO) qui dans certains cas risquent d’appauvrir l’entreprise reprise et dans l’imaginaire collectif sont dirigés par des banquiers américains issus de Wall Street.
Mais d’autres types de fonds existent comme les fonds de rebond et les fonds de capital-développement, qui eux apportent des liquidités aux sociétés.
Ainsi, sous le vocable fonds, peut-on trouver deux approches diamétralement opposées :
D’une part, les fonds de reprise de société (sous LBO) pour lesquels :
- les capitaux des fonds servent à payer les anciens propriétaires
- les investissements futurs de l’entreprise sont à risque, car l’entreprise devra repayer la dette d’acquisition avec son cash-flow, réduisant d’autant la trésorerie disponible pour les investissements
D’autre part, les fonds de rebond et de capital développement :
- les capitaux sont apportés dans les entreprises
- la trésorerie ainsi disponible sera être utilisée pour financer des futurs investissements de l’entreprise.
Alors, faut-il avoir peur des fonds d’investissement ?
Posez-vous déjà la question de leur apport en capital. Est-il destiné à apporter des capitaux à l’entreprise pour la faire grandir ?
Et posez-vous la question de leur ancrage dans le territoire. Il n’est pas étonnant que les pouvoirs politiques et les syndicats allemands aient craint les fonds américains. Un fonds bien ancré sur son territoire aura une vision beaucoup plus large que la vision purement financière d’un investisseur susceptible de repartir chez lui après une déconvenue.
Privilégiez les fonds locaux appartenant à l’écosystème local, vous verrez qu’en fait, vous partagez de nombreuses valeurs avec eux.